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Jimmy B · Inscrit le: 12 May 2002 Messages: 2541 Localisation: France

Guimbarde (fr.). [Mot d’origine provençale, apparu au 16ème s.]

Etymologie : Emprunté au provençal moderne « guimbardo », désignant « instrument ; outil ; barque » attesté dès le XVIIe s. au sens de « danse » à Toulouse (1617, GOUDELIN, cf. SAIN ; P. 60 et MISTRAL), probablement dérivé de « guimba », signifiant « sauter » (XVIIe s., GOUDELIN, MISTRAL), correspondant à l'ancien provençal « guimar », « bondir » (1150-73 fig., RAIMBAUD D'ORANGE dans RAYN.), dont il est une forme hypercorrecte toulousaine (on y a vu une forme gasconne, le gascon étant caractérisé par le passage de -mb- à -m-). (Sources : Dictionnaire du Trésor de la langue française, http://atilf.atilf.fr)

Quelques noms de guimbardes dans le monde : Maul-Trommel, Brummeisen (Allemagne.) ; Jew’s Harp, Trump (Angleterre ; USA.) ; Genggong (Bali) ; Ankuoc, Angkuoch (Cambodge) ; Kouhuang, Kouqin (Chine.) ; Berimbao (Espagne) ; Guimbarde, Harpe à bouche, Trompette tsigane, Trompe-laquais, Trompe de Béarn, Hanche-en-ruban, Campurgne, Citaro (France.) ; Morsing, Morchang, Morching, Murcang (Inde.), Scacciapensieri, Trunfa, Marranzano, Marranzanu (Italie) ;; Mukkuri (Japon, chez les Ainous) ; Komouz (Kazakhstan.) ; Tochiale (Lituanie.) ; Aman huur, Aman topshuur, Aman khuur (Mongolie.) ; Munnharp (Norvège.) ; Susap (Nouvelle Guinée) ; Mooria (Nouvelle Zélande) ; Mondtrom (Pays-Bas.) ; Berimbau (Portugal.) ; Drembà (Roumanie.) ; Vargane, Vargan (Russie.) ; Munniga (Suède.) ; Ataya (Taiwan.) ; Drymba (Ukraine.), Dàn môi (Vietnam.) ; Khomus (Yakoutie.).

Instrument à percussion lamellophone de la famille des idiophones.

Percussion à lame pincée, comme la sanza, la guimbarde se compose d’une lame fixée sur l’extrémité d’un cadre. Maintenue par une main et jouée par l’autre, elle s’appuie sur les mâchoires et les dents, en utilisant la cavité buccale comme caisse de résonance. Considérant l’importance du souffle dans sa pratique, la guimbarde pourrait être à la fois une percussion de la famille des idiophones et des aérophones (en organologie, elle se classe exclusivement dans la famille des idiophones). Deux grandes familles définissent les guimbardes : les idioglottes et les hétéroglottes. La guimbarde idioglotte est composée d’une lamelle et d’un cadre indépendant, d’une seule pièce du même matériau. La guimbarde hétéroglotte a sa lame et son cadre séparé, fabriqué dans des matériaux différents.

Guimbarde de Chine du Nord (kouxian) (c) Wang Li

Mise en vibration avec les doigts de la main (avec l’index ou le pouce en général), la languette (lamelle, lame) demande une manipulation de jeu propre au type de guimbarde (garantissant sa capacité sonore et sa longévité). Ordinairement fait d’une seule lame, elle peut en comporter jusqu’à cinq, comme la guimbarde (ataya) de Taïwan.

Grâce à un mélange de jeux vocaux, la guimbarde ouvre de somptueuses voies musicales, comme avec l’utilisation du chant diphonique (Trân Quang Haï, Les Guimbardes du Monde, 1997), qui est une technique de chant permettant de produire plusieurs sons à la fois et donc de faire du chant polyphonique (un bourdon grave est produit avec la gorge tandis que des harmoniques aiguës sont produites simultanément par résonance.).

Guimbarde Yakoute (khomuz) (c) Wang Li

Le plus souvent constituée d’une structure de fer munie d’une languette d’acier flexible, elle est aussi fabriquée dans des matériaux aussi divers que l’ivoire (comme la guimbarde en ivoire de morse de Sibérie orientale) ou à partir de végétaux comme le bois et plus souvent le bambou. Lucie Rault (2000, 210) souligne d’ailleurs, que « Le bambou est la matière par excellence des lamelles vibrantes, constituant les anches simples dont l’application la plus répandue est la guimbarde, présente dans toute l’Asie, aux Philippines et en Nouvelle-Guinée. ». La guimbarde est encore créée aujourd’hui par des mains artisanales (avec une finesse quelquefois unique) pour de nombreux modèles, mais sa fabrication d’aspect rudimentaire l’a livrée à la chaîne de fabrication depuis plusieurs décennies. Couramment de petite taille (entre 4 cm et 15 cm environ), certains types de guimbardes peuvent atteindre plusieurs dizaines de centimètres.

Dans certaines aires musicales, elle est aussi très appréciée par les bergers (Italie), et parfois uniquement pratiquée pour les rapports amoureux (Ethnie Hmong du Vietnam), ou pour des divertissements collectifs. « D’autres instruments, de par leur forme et leur jeu, suggèrent directement l’acte sexuel, comme le tambour à friction, actionné par une tige végétale, qui réunit la morphologie féminine de contenant et celle, masculine, de la tige. La guimbarde, constituée d’une mince languette d’acier, de bois ou de bambou mise en vibration contre les dents, avec la cavité buccale comme résonateur, présente elle aussi une forte connotation érotique. Utilisée partout à travers le monde comme instrument de sérénade, elle fut interdite dans certaines sociétés puritaines comme celle de la Vienne du 19ème siècle ; ailleurs, comme en Chine ou au Vietnam, elles sont toujours utilisées comme instrument de cour d’amour. », ajoute Lucie RAULT (2000, 83).

Présent sur la majeure partie des continents, d’après de nombreuses sources (Trân Quang Haï, Les guimbardes du monde ; 1997, p. 4.), la guimbarde est sans doute apparue en Asie pendant l'Antiquité (Homo-Lechner Catherine, 1996.) Les plus anciennes guimbardes (en bronze) retrouvées en Europe – sur des sites gallo-romains (Rouen et Parthenay) – remontent au V° ou VI° siècles. Les multiples fouilles archéologiques démontrent aussi qu’elle ne semble se répandre qu'après le XII° siècle (Dournon-Taurelle Geneviève & John Wright, 1978.).

Jouée encore aujourd’hui dans son contexte traditionnel surtout en Asie (Kersalé Patrick, 2003) c’est un compagnon fidèle grâce à sa taille et sa convivialité au fort impact social. Bien que destiné le plus souvent à l’accompagnement, le répertoire de la guimbarde se retrouve au cœur même des musiques du monde, du jazz, et plus récemment dans les musiques électroniques ou la variété. La pratique soliste et les recherches acoustiques à son égard apparaissent depuis les années 1960, grâce à des musiciens (John Wright, ethnomusicologues (Trân Quang Haï) et acousticien (Emile Leipp). En Europe « son heure de gloire au 18ème siècle lorsque J. Albrechtsberger lui consacra un Concertino (1769), puis au début du 19ème où les concerts publics de guimbardes – jusqu’à vingt instruments joués ensemble – obtinrent un vif succès ; le déclin s’amorça avec la vogue de l’harmonica » rappelle François-René Tranchefort (1980, 81-84).

Instrument de tradition orale et populaire par excellence, l’apprentissage de la guimbarde ne se fait pas encore au sein d’écoles ou de conservatoires. Par contre son enseignement est encore largement répandu au travers d’un rapport « maître à élève », au sein du cercle familial, ou au travers de stages et ateliers, en particulier pour les pays occidentaux.

© Jimmy Braun – 2006/2008.

Eléments discographiques

« Iakoute. Guimbardes ». Spiridon

« Chine. Guimbarde »

Label Cinq Planètes / Distribué par L’Autre Distribution

http://www.playasound.com

Eléments filmographiques

Eléments bibliographiques

. BAILLET, M., 1806, Notice sur l’art de fabriquer les guimbardes, Bulletin de la société d’encouragement pour l’industrie nationale (Paris) 5 : 100-102. (Traduit dans L. Fox, 1998 : 62-64).
. BAKX Phons, 1998, The 800 Names of the Jew’s Harp. A Nomenclature, Middelburg, Stichting / Fondation Antropodium.
. BARTÓK, Béla, 1967, Rumanian Folk Music, vol. 1, The Hague: M. Nijhoff.
. DOURNON-TAURELLE Geneviève & John WRIGHT. 1978. Les guimbardes du Musée de l’Homme. Paris : Institut d’ethnologie.
. FOX Leonard, 1988, The Jew’s harp. A Comprehensive Anthology, London; Toronto, Associated University Presses.
. HOMO-LECHNER Catherine, 1996, Sons et instruments de musique au Moyen Age. Archéologie musicale dans l’Europe du VIIe au XIV siècle, Paris, Errance.
. MEYER Werner et Hans OESCH, 1972, ”Maultrommelfunde in der Schweiz”. Victor RAVIZZA (Ed.), Festschrift Arnold Geering zum 70. Geburstag, Bern, Stuttgart, Paul Haupt : 211-230.
. RAULT, Lucie. 2000 Instruments de musique du monde », Editions de la Martinière.
. SIRON, Jacques. 2004. « Dictionnaire des mots de la musique », Editions Outre Mesure.
. TRANCHEFORT, François-René. 1980. « Les instruments de musique dans le monde ». Volume 1. Editions Le Seuil, collection Inédit Points.

Eléments webographiques

http://tranquanghai.info

http://aspiration.free.fr

http://ethnomusicologie.free.fr

http://guimbarde.ouvaton.org

http://www.instrumentsmedievaux.org/pages/Guimb49.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guimbarde

http://www.artmaniaque.com/article.php3?id_article=86

http://www.ethnographiques.org/2002/Dallais,et-al.html

http://www.thepsychedelicjewsharp.com

http://www.windworld.com

http://site.zeelandnet.nl/paclax/jewsharp.htm

http://www.jewsharpguild.org/festindx.html

http://www.munnharpe.no/nmf_festivalar_eng.html

http://www.worldmusiccentral.org/article.php/20060625120411393/print

Fredouye · Inscrit le: 06 Sep 2003 Messages: 124

Il y a aussi le festival d'Airvault qui se déroule en France et qui regroupe les 3 pratiques que sont le didgeridoo, le chant diphonique et la guimbarde.

Site Internet : http://www.lereve-de-laborigene.net/html/index.php

Pourquoi réunir ces trois disciplines qui semblent pourtant si différentes les une des autres ? En fait, elles sont toutes trois basées sur le principe du bourdon. On produit une note continue sans changement de hauteur et on interprète la mélodie ou la rythmique par dessus.

Un autre point technique les rapproche aussi, toutes les trois se servent de la modification de la cavité bucale (articulation de la bouche, placement de la langue...) pour le phrasé.

PS : Je connais personnellement Wang Li et si vous êtes intéressé par la guimbarde ou la flûte chinoise, il peut en plus des concerts animer des ateliers pour enfants ou adultes, monter une exposition d'instruments (il en a plus d'une centaine) et aussi une exposition photo, il a de très beaux clichés pris dans les montagnes chinoises.