Percussions.org

[k-nard (inactif)]

Voici une devinette, pourquoi les djembefolas (souvent les guinéens)
mettent du scotch sur le bord (chanfrein) de leur djembe (généralement à l'endroit ou ils frappent) ?

A bientôt pour la réponse !

[FBat]

Je pense que c'est pour éviter que la transpiration de la paume de la main ne vienne imprégner la peau juste sur le bord et la fragilise ?

[François Kokelaere]

Parce que sous l'ancien régime, ils étaient, les guinéens, ah ces marxistes, obligés de réciter, tout en jouant, les préceptes du chef suprême de la révolution, sans faire de fautes s'il vous plait et comme ils répétaient dehors, en bord de mer, ils étaient obligés de scottcher les-dites maximes sur le bord du djembé sous peine de se retrouver en prison. L'habitude est restée...

[k-nard (inactif)]

Bravo, vous avez le droit de revenir en deuxième semaine
pour la finale !!

Trève de plaisanterie, la réponse (celle que je connaissais) etait effectivement l'histoire de la transpiration des mains qui fragilise la peau comme a écrit F-bat mais je doit avouer que je ne connaissais pas l'histoire des maximes scotchées sur le bord du djembé de François Kokeleare mais je me régale de ces anecdotes et si tu en as d'autres dans le style je suis preneur !!

Comme quoi, les africains aussi s'aident de l'écriture pour la musique (quelle soit jouée ou chantée) et bien avant qu'on ne le pense !!

Je vais m'efforcer de trouver une devinette un peu plus ardu pour la deuxième semaine !!

Salut à toutes et à tous et bonne frappe !!!

[François Kokelaere]

Mille excuses, Monsieur K-Nard, le coup des maximes collées sur le djembé, c'est une blague bien sûr. Juste une petite accélération poétique comme j'aime en faire souvent. D'ailleurs, connais-tu celles qui sont sur mon premier disque sorti chez Buda et qui s'appelle "percussions"?

Allez, pour me faire pardonner je te glisse celle sur le djembé:

Djembé

Une peau tendue sur un morceau de bois creusé
Les notes qui claquent et qui grondent
Les mains qui dansent un étrange ballet
Les yeux perdus dans un ailleurs inconnu
Tambour.

Est-ce l'homme qui joue
Ou l'instrument qui joue l'Homme?

Charnel, viscéral,
Il sonne, résonne, vibre
Il parle d'une évidence
Bouscule les oreilles
Cogne dans le ventre
S'infiltre dans le coeur
Dilue son cri dans les artères
Coule ses notes dans le sang
Il chante...

Il chante le chant de la vie
Celui de la mort aussi
Le mystère, l'inconnu, la Question.

Tambour de toutes les interrogations
De toutes les réponses aussi.

[k-nard (inactif)]

Bien joué, j'ai plongé à fond mais je dois avouer que je me suis quand même dit, "il doivent avoir de bons yeux" car du coup j'ai essayé et vu ou est le djembé quand on le joue debout, il reste pas beaucoup de place pour pouvoir lire, pour te rendre la pareille en ce qui concerne le jolie texte, en voici un autre !!

Cher frère blanc

Quand je suis né, j'étais noir
Quand j'ai grandi, j'étais noir
Quand je vais au soleil, je suis noir
Quand j'ai peur, je suis noir
Quand je suis malade, je suis noir
Quand je mourrai, je serais noir

Tandis que toi, Homme blanc

Quand tu es né, tu étais rose
Quand tu as grandi, tu étais blanc
Quand tu vas au soleil, tu es rouge
Quand tu as froid, tu es bleu
Quand tu as peur, tu es vert
Quand tu es malade, tu es jaune
Quand tu mourras, tu seras gris

Et aprés ça, c'est moi que tu appelle
Homme de couleur !!

(poëme africain, auteur inconnu)

Salut à toutes et à tous et bonne frappe !!

Ou peut on trouver ton disque "Percussions" ? (merci de me renseigner)

[François Kokelaere]

Mon disque "Percussions" par François Kokelaere chez Buda Musique réf:92695-2 n'est pas facile à trouver mais il existe bien et est disponible. Le plus simple est de le commander directement chez Buda www.budamusique.com (chercher un peu sur le site). J'y joue, en solo de la façon minimaliste particulière qui caractérise mon jeu, du berimbau, du gongoma, des pierres phonolites, de la sanza, des tambours d'eau, du djembé, du kryin. C'est en fait la musique d'un spectacle créé il ya quelques années et qui s'appelait "L'ombre ne le dit jamais" dans lequel intervenait la danseuse Doriane Larcher.

Tu y trouveras aussi des poésies, inspirées directement par les instruments eux-mêmes en écriture instantanée.

L'exercice périlleux du solo, livre le musicien à lui-même et l'oblige à se dépasser s'il veut sortir des poncifs du genre.

Connais-tu le CD en duo avec le violoniste Paul Lazar, plus facile à trouver, avec une prise de son très soignée où les percussions trouvent enfin, leur véritable matière sonore. Il avait été d'ailleurs annoncé sur le site à sa sortie.

Bien cordialement.

[k-nard (inactif)]

Le cd avec "Paul Lazare" c'est celui qui se nomme "Berimbaviole" (excuse d'écorcher le nom) ?
si tu as un plan pour trouver a coup sur ton cd "percussions" je suis preneur, je vais quand même voir avec Buda musique !

Salut à toutes et à tous et bonne frappe !!

Au fait vous n'avez pas fait un enregistrement de la dernière prestation avec entre autre "Fatouabou" j'ai un faible pour lui, j'aime sa façon de penser la percussion pour son pays, je le ressens comme un des trés rare qui privilégie la musique à la notoriété occidentale, il est le "Djembefola" par excellence et il contribue à perpétuer la percussion aux jeunes de chez lui ! j'aimerai un jour le rencontrer, j'espère !!

Salut à toutes et à tous et bonne frappe

[François Kokelaere]

Le Cd avec Paul Lazar s’appelle tout simplement Lazar-Kokelaere, berimbaoviole en est l’un des morceaux.
Il doit exister un enregistrement de la prestation de notre prestation avec FKWP et de celle de Fatouabou avec Baba Cissoko et Arona N’Diaye au Festival de Strasbourg, le concert a été enregistré mais je ne l’ai pas encore entendu.

Pour rencontrer Fatouabou, rien de plus facile, il suffit d’aller à Conakry quand il n’est pas en tournée. En effet, Abou a une véritable passion pour la formation des jeunes et il est l’un des plus compétents dans ce domaine en Guinée aujourd’hui. C’est, chez lui, une véritable vocation et je ne l’ai jamais vu repousser quelqu’un qui s’approche de lui pour étudier. Il est très cool, très généreux, toujours prêt à rendre service, à gérer les problèmes des autres, à dépanner quelqu’un. Il ne peut pas refuser une demande d’assistance artistique, il conseille ou encadre des dizaines de ballets, de groupes à Conakry, ce qui le rend toutefois assez peu disponible. A force de s’occuper des autres, il oublie quelque peu de s’occuper de lui. Mais comment lui reprocher! Il lui est arrivé d’avoir sept répétitions dans la journée et de ne pas pouvoir se libérer pour venir à celle de Wofa, le groupe qui le fait vivre... Cette grande qualité joue sur sa carrière et il en résulte une certaine dispersion qui fait qu’il ne réalise pas celle qu’il devrait. Ajouter à cela un personnalité posée, sans frime, tranquille (fume pas, bois pas, drogue pas...) qui se la pète pas, aux antipodes de l’image du grand maître sûr de lui et détenteur d’une vérité absolue. Abou ne baratine pas ses élèves, dit ce qu’il connait et dit aussi quand il ne connait pas. C’est lui qui s’occupe de tous les problèmes administratifs de Wofa et qui fait le tampon en tournée avec les diffuseurs.
C’est une grand professionnel, très compétent, un arrangeur de rythmes fantastique, aussi excellent danseur, très dur au travail (ça c’est l’école des ballets nationaux), rigoureux, très expérimenté, discipliné et ce n’est pas toujours l’image qu’attendent les européens d’un joueur de djembé africain.

Eh oui, mon cher, ça c’est la réalité même si les choses sont en train de changer doucement. Fatouabou est le plus jeunes des anciens des ballets, de la filière des Mamady Keïta et des Famoudou Konaté. C’est assurément le plus complets des grands batteurs Soussou et sûrement, le dernier de cette trempe.
Il faut souligner aussi, qu’Abou est l’un des plus musicaux en orchestre, des plus fins, des plus intelligents. Jouer avec lui est un vrai bonheur de simplicité. Il n’a plus rien à prouver et joue l’essentiel de la musique. Capable de faire groover un rythme, de soutenir une rythmique hyper droite puis d’exploser avec un solo d’enfer et de revenir sur la rythmique sans bouger le tempo. La grande classe, le père Abou.
Hélas ma position de directeur de Wofa et avant des Percussions de Guinée ne m’a pas permis d’étudier avec lui car en Guinée on ne peut pas mélanger les genres. Être responsable d’un groupe et l’élève de l’un de ses membres mais j’ai pu jouer avec lui de nombreuses fois en concert mais pas sur des bases trop traditionnelles, sur des choses plus ouvertes, ce qui ne lui pose aucun problème. Il est ouvert dans sa tête et prêt à toutes les expériences musicales.
Sur le projet du Wé avec la région Nord, nous travaillons en binôme. Il s’occupe de la mise en rythme et de la mise en pas (de danse) et je fais la scénographie et la direction artistique. C’est un vrai bonheur de travailler avec lui (il faut dire quand même que nous nous connaissons depuis Septembre 87...).

Il faut profiter de chaque minute passée avec ce genre de bonhomme car après eux, il y aura une énorme rupture avec la jeune génération guinéenne qui monte mais qui n’aura connu que la “djembéfolie”, que le moment où le djembé a atteint ses lettres de noblesse et ils n’auront connu que le djembé “argent” et argent facile car le premier djembé fola venu aujourd’hui en Guinée trouvera toujours quelqu’un pour faire illusion et l’emmener en Europe.

Si tu as la chance de côtoyer Fatouabou un jour, commence par rester tranquillement assis à côté de lui et observe le, écoute le. Tu apprendras plus sur le djembé qu’en prenant des centaines de stages...

[k-nard (inactif)]

Je ne m'était pas trompé sur le "super bonhomme", je suis ravi d'entendre ce que je pensais déjà de lui, en l'ayant vu avec les ballets de Guinée, il m'a fait cette impression du gars (comme tu dis) qui ne se la pète pas mais j'ai remarqué de suite que c'est la force tranquille, en fait je cherche toujours ce qui n'est pas forcément apparent au premier regard.
Sur que si un jour j'ai cette chance de le rencontrer (que Fatouabou m'entende) je ne manquerai pas l'occase !!
Il est exactement l'idée que je me fait d'un trés grand musicien, humble, discret, accessible, maitrisant magistralement son sujet, ouvert humainement et musicalement.
J'ai adoré son interview dans le reportage "Mögöbalu".
Merci à toi pour tout ces écrits, ils m'inspirent chaques jours d'avantage !
Salut à toi, salut "Aboubacar Fatouabou Camara" (même son nom je le trouve terrible) "il a toutes les intonations du djembe dans la prononciation" pour moi et continue de nous gratifier de tous ces écrits, qui pour ma part, contribuent à faire prendre conscience de ce qu'est réellement la percussions Mandingue et pas forcément ce que l'on croit.