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[The Boss]

Le Buena Vista Social Club a r�ussi � cr�er de toute pi�ce des artistes qui peuvent se produire de fa�on autonome, jouant du prestige de la formation cubaine recr��, rappelons le, par Ry Cooder en 1998, pour les besoins d'un film qui a �t� jusqu'� pr�sent tr�s judicieusement exploit�.

Peu de temps apr�s la mort de son p�re, alors qu'il n'a que 12 ans, Ibrahim Ferrer se voit dans l'obligation, afin d'assurer sa subsistance, de chanter dans les rues de Santiago de Cuba. En 1953, il se joint au groupe Los Buocos, fond� par Pacho Alonso, dans lequel il apprendra l'art de chanter des airs de bol�ro (*). Ils enregistrent plusieurs chansons appel�es � devenir de grands succ�s. Ibrahim Ferrer devra cependant patienter jusqu'en 1996 avant de voir ses talents reconnus, tandis qu'il grave sa voix sur l'album Buena Vista Social Club. Et c'est � l'age de 72 ans, qu'Ibrahim attaque une carri�re en solo, et livre avec le label World Circuit en 1999 le premier disque sous son nom. Voix d�licatement voil�e, timbre falsetto, vibrato imparable, velout� et charme � faire chavirer les c�urs les plus endurcis et � faire p�mer un l�gionnaire : voil� de la mati�re dont on fait les grands interpr�tes de bolero (*).

Le spectacle d�bute par la mise en place de la formation musicale, avec l'ensemble des instruments et des chanteurs. Chaque artiste et son instrument est pr�sent� individuellement � la mani�re cubaine apr�s avoir r�alis� un solo de quelques minutes. Appara�t alors l'une des stars du Buena Vista Social Club, aussi charismatique qu'�nergique : Ibrahim Ferrer.

Mis � part les petites lunettes, et d'autres accessoires vestimentaires qui t�moignent du succ�s commercial du groupe, c'est bien le m�me vieux cubain que dans le film. Mais pas aussi vieux que �a, car on en est m�me � se demander si en 1998, lorsque le film a �t� tourn� � la Havane, on a pas fait en sorte qu'Ibrahim, alors habill� beaucoup plus modestement, n'avait pas �t� maquill� pour para�tre plus �g�.

En tout cas, cet homme regorge de vitalit�, et c'est un v�ritable plaisir d'entendre sa voix nous bercer le son des "Como fu�" ou autres "Marieta". Ibrahim s'exprime en espagnol � son public, pour lui raconter de petites anecdotes sur tel ou tel artiste qui l'accompagne dans ses chants. Il est amusant de le voir �voluer sur la sc�ne pour mimer par exemple qu'il est f�ch� contre le public car il ne re�oit pas suffisamment d'applaudissement, pour finalement revenir en pas chass� quelques minutes plus tard sur une m�lodie particuli�re.

D'autres artistes tel que Omara Portuando se produisent individuellement avec une partie du Buena Vista Social Club. Le talent de ces artistes n'est sans nul doute pas unique au monde, et il existe probablement des �quivalents de ces "anciens" tout aussi talentueux � Cuba, mais moins m�diatis�s. Mais m�me si le film et le concept (cr�� de toute pi�ce par des producteurs fort avis�s) sont de v�ritables produits, c'est tout de m�me une chance incroyable de pouvoir approcher ces l�gendes cubaines qui nous berceront sans nul doute encore bien des ann�es.

(*) Le Bolero Copyright � 1997-1999 Hot Salsa

Le bolero cubain, genre musical chant� et dans�, conserve peu de points communs avec son lointain anc�tre, le bolero espagnol.

Romantique, sentimental parfois jusqu'� l'exc�s, il puise son inspiration dans les airs d'op�ra, les romances fran�aises et les chansons napolitaines. Marqu� par une mesure � 2/4, il d�veloppe des m�lodies classiques et raffin�es, aussit�t famili�res aux oreilles europ�ennes, soutenant des textes po�tiques o� se m�lent la nostalgie, le charme des femmes et les amours contrari�es.

Amalgame d'influences diverses, le genre se fixe vers 1880 dans la r�gion de l'Oriente de Cuba, port� par les chanteurs de trova qui lui insufflent un jeu de guitare syncop�, le rayado. On raconte que le premier bolero, Tristeza, fut �crit en 1885 par Jos� "Pepe" Sanch�z, chanteur et guitariste autodidacte.

C'est au d�but du XX�me si�cle que le bolero atteint r�ellement La Havane, o� il s'impose dans les pe�as et les caf�s gr�ce � des musiciens venus de l'Oriente comme Sindo Garay.

Au cours des ann�es 20, le bolero m�tisse avec le son pour donner naissance au bolero-son, popularis� alors par la vague des trios et des septettes, et de nos jours parfois connu sous le nom de balada ou salsa erotica.

Aujourd'hui, le genre affiche une vitalit� de jeune homme, et il n'est pas un disque de salsa qui ne contienne un ou deux boleros, o� se juge la qualit� du chanteur, dont l'interpr�tation doit �tre sans d�faut.

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