Fran�ois Kokelaere


Inscrit le: 24 May 2002 Messages: 270 Localisation: France
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Post� le: 25 Sep 2001 22:39 Sujet du message: Environnement culturel et d�marche artistique |
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L'environnement culturel tr�s particulier de la Guin�e
Il faut bien consid�rer que la Guin�e est le seul pays d'Afrique � poss�der plus de quarante ans d'histoire du ballet. Tous les grands ballets nationaux d'Afrique de l'Ouest se sont inspir�s des fameux ballets guin�ens (Ballets Africains, Ballet Djoliba). Vingt six ans de marxisme (S�kou Tour� 1958-1984) n'ont fait que renforcer cette v�ritable culture tr�s sp�cifique � la Guin�e. Les grands cr�ateurs et concepteurs des ann�es 70 avaient une vision panafricaine de leur art qui pr�nait la rencontre et le pluriethnisme. Cette vision issue du mouvement de la "n�gritude" a g�n�r� des artistes s�rs de leur identit� et qui n'ont aucun probl�me � s'adapter aux techniques sp�cifiques du "th��tre � l'italienne". Il s'agit l� d'un v�ritable "art contemporain africain" qui n'a de rapport avec la tradition ancestrale que son inspiration. Les artistes, qui sont en permanence immerg�s dans le milieu traditionnel auquel ils participent quotidiennement en jouant dans les c�r�monies populaires ou rituelles, passent de l'un � l'autre sans �tat d'�me particulier. Ils vivent leurs prestations sc�niques comme un des �l�ments de leur situation de musicien professionnel dont la vie s'argumente autour des r�p�titions du groupe, des "sabars" (f�tes populaires), des c�r�monies rituelles et des spectacles de la troupe au pays ou en tourn�es internationales.
Les artistes de WOFA ont baign�, d'une part, dans cet h�ritage artistique consid�rable et d'autre part, dans la culture traditionnelle encore tr�s pr�sente en Basse-C�te. Peut-�tre faut-il chercher dans cet environnement culturel tr�s particulier, le fait que les artistes guin�ens se font remarquer � travers le monde par leur d�marche artistique originale et coh�rente, qui tente de lier, sans rupture, le pass� et le pr�sent dans une Afrique contemporaine en pleine mutation ?
La d�marche artistique: un v�ritable concept
La d�marche artistique de WOFA repose sur quelques principes simples qui ne peuvent �tre dissoci�s du mode de fonctionnement du groupe. Il faut bien consid�rer que la musique qu'il pratique ne peut fonctionner, � ce niveau de qualit�, que si les musiciens "s'entendent" bien; au sens propre comme au sens figur�. La respiration tr�s particuli�re des polyrythmies guin�ennes est fragile et la moindre tension entre les artistes se ressent imm�diatement dans la musique. La mati�re principale reste les rythmes traditionnels mais repens�s, r�-arrang�s d'une fa�on plus contemporaine avec l'apport de nuances de jeu que ne n�cessite pas le jeu traditionnel. La sc�nographie vient souligner des d�placements, des mouvements, des attitudes, des volumes qui existent d�j� naturellement. La lumi�re met en ombres, insinue, montre sans d�voiler, une plastique qui se suffit � elle-m�me. Une esth�tique "africaine" dans l'esprit, qui tend � valoriser l'essentiel de sa sp�cificit�.
WOFA veut �chapper aux poncifs exotiques du genre, contourner les images caricaturales et r�ductrices associ�es � la danse et � la percussion africaine, sans pour autant d�naturer son contenu ou gommer sa force, sa finesse li�e � l'�l�gance de sa gestuelle et tout en gardant ses aspects les plus spectaculaires. L'�nergie que demande le jeu des percussions n'�tant pas incompatible avec des respirations et des moments de calme, de m�lodies, de chants afin aussi que le spectateur occidental, peu habitu� � cette culture, ne suffoque pas devant une pl�thore d'informations.
Fran�ois Kokelaere |
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