Percussions.org

[Jimmy Braun]

["Percussions & Saxophone" François Kokelaere & Cédric Ricard | CD Audio 2006 | Label Buda Musique/Distribution Universal | Collection Musiques du Monde - Réf.: 3017457 - Durée totale : 54'57 | Livret 4 pages]


Si l’oreille a parfois des ennemis, ce disque n’en fait pas partie. Réalisé par François Kokelaere et Cédric Ricard, « Percussion & Saxophone » témoigne d’un sérieux au travers d’un projet contemporain. Remettant en cause les idées reçues sur l’art du duo, cet album est une savoureuse délectation pour qui le déguste. Tout se passe dans un pays aux mille et une sonorités, profondes et chaloupées. Sanza, gongoma, kryins, phonolithes, tambours d’eau et berimbau gambadent avec le saxophone et se déhanchent avec pureté, dans une prairie musicale pleine d’émoi.

Un des attraits de l’industrie du disque, c’est que l’on a l’occasion d'y rencontrer François Kokelaere. Non seulement c’est un musicien complet, doublé d’un directeur artistique et compositeur, mais c’est aussi un homme avec qui c’est merveilleux de travailler. Celles et ceux d’entre vous qui ont déjà ses disques précédents et qui se rappellent de son discours au travers de ses écrits, savent que c’est une expérience unique de découvrir l’animal sophistiqué qui se cache derrière lui. Impossible de rêver artiste-percussionniste plus commode et directe. A une époque où les musiques tous styles confondus, sont parfois du remplissage ne laissant pas place au silence, il peut sembler surprenant que d’engager des projets comme celui-ci.



Les conditions préliminaires à cette manifestation sont la volonté de faire voyager l’auditeur, l’emmener en promenade dans des atmosphères totalement sorties du quotidien de chacun. Même si la tradition apparaît parfois, l’embarquement nous mène vers la découverte d’un style de structures et d’arrangements uniques. Suite logique à ses productions passées, comme les captivants albums « Percussion & Violon » ou « Berimbau », François Kokelaere invite l’artiste saxophoniste français Cédric Ricard pour sept titres inspirés, dont un solo (titre 5). Le répertoire du duo est un bon échantillonnage des ingrédients de base de la musique du discours kokelaerien.

« Lamelles chaloupées » (piste 1) évoque une berceuse qui s’introduit par le thème au saxophone et se fait rejoindre au son précis. « Desert breath » (piste 2) est là pour nous remémorer que les pierres chantent aussi, et remplissent l’espace de mystère et d’harmonie. « Oh, les tambours » (piste 3), est à la fois un jeu de mots et de mains, sur un rythme binaire qui fait groover le tambour d’eau. A noter que la frappe à main nue est aussi mêlée à l’utilisation d’un balais jazz ou de paille. « Fil à la main » (piste 4) présente un thème au berimbau, un instrument qu’affecte particulièrement François Kokelaere. Sur ce titre se ressent aussi la maîtrise musicale, avec une netteté particulière de phrasés en rythme ternaire 12/8.

Chaque composition est une invitation au voyage méditatif que revêt parfois la musique. Rien de mièvre dans ce qu’il se passe dans cette « boîte à musique » : c’est toujours joli – et c’est souvent beau. Sans superlatif. « Percussion & Saxophone » mérite l’adjectif à l’état pur. Plus qu’un simple disque, c’est aussi un projet qui s’apprécie sur scène, et en scène. Accompagné du plasticien Jean-Christophe Fischer – qui a aussi réalisé la pochette du disque – le duo devient trio pour collaborer à des réalisations de concerts/performances-arts plastiques où peinture et musique se taquinent. Un album qui s’écoute avec les yeux et qui se dessine avec les pavillons auditifs.

© Jimmy Braun – Octobre 2006

Titres de l'album :

1. Lamelles chaloupées
2. Desert breath
3. Oh, les tambours
4. Fil à la main
5. Chant sylvestre
6. Tête de bois
7. A fond la caisse

[Mohad]

Vous faites une représentation à Bourges et à Nantes aurez vous l'occassion de passer par Paris ou sa région ?

Bien à vous,

[François Kokelaere]

Ca fait rudement plaisir de lire toutes ces choses intelligentes que tu as écrites Mister Braun. Je voudrais souligner aussi et remercier par la même occasion Gilles Fruchaux, le directeur de Buda Musique qui s’entête à me suivre dans mes délires musicaux avec une amitié et une confiance qui n’ont jamais failli. C’est si rare aujourd’hui qu’il fallait le souligner.

Un grand merci aussi à J-Ch Fischer qui me suit aussi dans mes projets improbables avec son talent et sa disponibilité incroyables. Toujours positif, toujours disponible, toujours prêt à partir sur tous les coups même les plus délirants.
C’est lui qui nous a fait la splendide pochette. Splendide car j’adore son écriture plastique qui a une vraie profondeur, une vérité première rare qui me touche beaucoup. Il nous a aussi réalisé une toile de 16m de long que nous utilisons comme pendrillonnage en concert, ce qui nous permet d’avoir toujours la même ambiance picturale et sonore.
A ce propos Mister Braun, pourrais-tu mettre aussi avec l'article la reproduction de la pochette afin que l'on puisse voir son travail?

Puisque nous sommes dans les remerciements, il me faut souligner l’excellente collaboration avec Cédric Ricard qui a apporté tout son savoir faire musical en me demandant de réarranger mes kryins afin qu’ils sonnent toujours dans la bonne tonalité pour mieux respecter la grille, accorder précisément les tambours d’eau qui deviennent ainsi une véritable contrebasse mais ce qui procure une difficulté à les jouer pour qu’ils ne se désaccordent pas pendant le concert.
Il m’a fallu trouver une position de main différente afin de les caresser sans les brusquer tout en les faisant sonner. La moindre erreur de position étant susceptible de changer la note.
Il m’a aussi fallu accorder le berimbau en Fa dièse, afin d’avoir une gamme plus confortable au sax mais cette tonalite qui sonne d’enfer est très haute pour le berimbau donc encore une autre adaptation.

Grand merci à l’ingé son, Lugo Lajo qui a passé des heures pour trouver un bon son sur ces instruments si difficiles à enregistrer.

Un dernier grand merci à Laurent Plesse qui depuis un an s’occupe de mon management, ce qui me permet de travailler comme jamais mes instruments et c’est vraiment génial de pouvoir se consacrer uniquement au jeu et au travail de l’instrument. Le rêve, quoi…

Nous avons la chance de jouer beaucoup ce duo (déjà une vingtaine de fois), d’ailleurs à ce propos, que les lecteurs du site n’hésitent pas à nous contacter s’ils désirent que venions jouer quelque part, il suffit d’aller sur notre site www.heureduthe.com pour nous contacter. Vous pouvez aussi y écouter de longs extraits des morceaux.

Prochaine date à retenir, le jeudi 26 Octobre au Pannonica de Nantes. Informez donc vos copains du grand Ouest.

Pour répondre à Mohad, nous allons bien sûr jouer à Paris prochainement, dès que nous aurons trouver l'endroit adéquat pour le faire et nous nous ferons un plaisir d'en informer les lecteurs de percussions.org.

Salut à tous

[Nojan]

Salut François,
Merci pour ce nouvel album, magnifique comme les précédents...

J'utilise aussi des tambours d'eau que j'accorde et sur lesquels je joue délicatement afin de ne pas changer les notes, le son avec l'aide des micros n'est pas évident à restituer, pourrais-tu m'indiquer quel type de micro ton ingé son utilise sur scène.
Merci beaucoup.

Salut percussif

[François Kokelaere]

Bonjour,

A propos des micros, j'essaie de ne pas en utiliser dans les petites salles où je ne sonorise que le berimbau et la sanza avec des cellules pour ne pas être embêter par le larsen. Je mets deux enceintes Genelec active de très bonnes qualité (même sans sub basse) en fond de scène avec une légère reverb quand c'est nécessaire, ce qui permet de les utiliser à la fois pour notre retour propre et comme des enceintes de façade. Le public a ainsi vraiment l'impression que nous jouons acoustique et je peux équilibrer le son avec le son naturel du saxophone.

Dans les salles plus importantes où il faut tout sonoriser, je viens avec un couple de Sennheiser 541 (il faut dire que je joue sur quatre tambours d'eau), c'est un micro qui encaisse bien et respecte les graves de l'instruments. Il faut ce type de micro de bonne qualité et surtout éviter les bas de gamme du genre SM 57 de Shure qui ne prennent que les aïgus et occulte les graves. L'idéal eut été de les reprendre avec un couple de statiques au dessus mais alors le sax, passe trop dedans et c'est un désastre. J'utilise le même genre du micro (AKG C414 ou Sennheiser MD 421) pour les kryins, pour les phonolithes et pour le gongoma mais je suis en train de faire installer un système de cellule sur ce dernier mais c'est assez compliqué et le résultat ne me satisfait pas encore complètement.

Bien cordialement.

[Nojan]

Merci François pour ces renseignements.