Percussions.org

[Jimmy Braun]

L'association Art'Evolution fait partie des ces fers de lance, dont les projets sont souvent tenus. Pour cette fin d'année, ils ont finalisés leur projet de production d'album autour du jeuen artiste burkinabé Ousmane "Zoumana" Dembélé. "Burkina ka di", c'est le titre de ce projet enregistré il y a six ans avec le groupe Landaya, la formation fondé avec ses frères.

Né en 1975, Ousmane Dembélé, dit "Zoumana" vient de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). Poly instrumentiste, il pratique les percussions africaines (djembé, bara, tama, calebasses, dosso n'goni ou danso n'goni), en étant sur la trace de son père, le griot Khalifa "Sambo" Dembélé (Ethnies Bwaba et Peul), un grand violoniste récemment décédé. Jouant principalement le djembé, le bara, le tama, les calebasses, il joue également le Dosso N'Goni (ou Danso N'Goni), la petite kora des chasseurs. Dans son album, il livre une belle puissance, un son travaillé avec finesse, et la prise de son restitue parfaitement l'ensemble des musiciens. Entre tradition et modernité, ce djembefola est sur la trace des plus grands. "Burkina ka di" (enregistré en 2000) est véritablement sans ride et imprégné de sonorités profondes, l'enregistrement est maintenant disponible.

Rencontre et interview avec deux représentants de l'association porteuse de ce projet à soutenir, Thierry Bugaud et Cédric Morvan.



Quel est le but de votre association ? Où se situe son lieu d'activité principale ?

Cédric : Le but d'Art évolution est de promouvoir la culture et aider les artistes, surtout ceux qui n'ont pas beaucoup de moyens. Pour y arriver, nous formons, depuis 9 ans, une grande famille de bénévoles et de passionnés. Notre point de départ a été l'organisation de festivals à Vanves, et la gestion d'un local prêté par la ville de Vanves (92).

Aujourd'hui nous avons transformé ce local en véritable studio de répétition et d'enregistrement professionnel. Nous avons 5 groupes en résidence, que nous aidons aussi dans toutes leurs démarches administratives (subventions...).

J’anime aussi bénévolement un atelier de percussions mandingues dont la base de travail est une méthode de Zoumana enregistrée par Thierry à Bobo-Dioulasso au même moment que l’album. Nous jouons aussi pour des cours et stage de danse, des animations...

Thierry : Le studio d’enregistrement que nous avons développé nous permet d’apporter un réel soutien à la création musicale. Nous travaillons en ce moment au développement d’une Web-radio pour renforcer davantage notre accompagnement de ces artistes et développer une nouvelle dimension de l’association par la diffusion.

Et maintenant, on se lance dans l’édition avec cet album de Zoumana, et j’espère que c’est le premier d’une longue liste.


D'où vient la rencontre et la collaboration avec Zoumana ?

Thierry : En 2000, je suis parti au Burkina Faso pendant 6 mois. Ingénieur du son de formation, j’effectuais un travail personnel de recherche sur l’écoute. J’étais équipé d’un système de prise de son stéréophonique et je captais des ambiances sonores de marché, de villages, des paroles d’hommes et des musiques.

Ma route me conduisit jusqu’au nord du Mali, où j’ai fait la rencontre d’un peuple nomade vivant dans le désert grâce au commerce du sel. C’est ce peuple Kounta qui est le sujet de mon film « Azalaï » réalisé un an plus tard et qui est diffusé actuellement sur France 5. Etant moi même batteur et très attiré par les percussions mandingues je voulais passer la fin de mon périple à Bobo-Dioulasso pour étudier le djembé, sachant que Bobo est un grand pôle de la culture et de la musique mandingues. J’ai rencontré Boris Tchango, l’immense batteur de Foofango (groupe d'afro-jazz, dirigé par le saxophoniste belge Pierre Vaiana) à Ouagadougou, et il m’a rapidement guidé vers Zoumana, percussionniste, chanteur et auteur dans le même groupe.


Comment est née l'idée de cet enregistrement ?

Un frangin, Aziz « Keita » Kebabi, nomade breton des temps modernes et percussionniste, suivait l’enseignement de Zoumana et nous a suggéré ce projet. Zoumana décida que nous allions réaliser ensemble son premier enregistrement avec Landaya. L'enregistrement a été effectué en plein air au Théâtre de l’Amitié, avec toujours beaucoup de monde autour. J'ai utilisé (je l'ai appris plus tard) la même technique que la majorité des albums de Mamady Keita réalisés par Lou et Claude Flagel, c'est-à-dire avec un couple stéréo de microphones et un magnétophone DAT. Ca paraît simple, mais c’est la meilleure manière de restituer la réalité (la plus proche de l’écoute humaine). Les percussions étant entièrement acoustiques, il me semble capital dans le cadre de l’enregistrement de musiques traditionnelles de capter les percussions à l’endroit où elles sont jouées et de la manière dont les perçoit.


Pourquoi l'album voit le jour 6 ans après son enregistrement ?

Cédric : Pour pas mal de raisons. La première a été le manque de moyens. Ensuite Zoumana a enregistré un second album avec Lenke Production. Le projet avait l'air sérieux et le résultat de cet enregistrement est très bien. Nous avions donc décidé, en accord avec Zoumana, de garder le notre au chaud et d'attendre que le deuxième soit déjà bien lancé pour sortir le premier. Le second n’ayant pas encore pu sortir, nous avons donc décidé de prendre le taureau par les cornes et de nous lancer nous même dans l'édition. Il y a un risque financier mais nous sommes absolument convaincus que la qualité de cet album va être largement reconnue. Le soutien de professionnels, tel que Pierre Vaiana et François Kokelaere, nous avait fait un bien fou, et la conviction ne s'en est trouvée que renforcée.

Thierry : Cet album a été réalisé entièrement bénévolement et avec les moyens de l’association. Par ailleurs nous voulions qu’il reflète complètement l’état d’esprit de Zoumana qui a été consulté sur toutes nos décisions afin que ce soit réellement son projet. Nous avons donc profité des rares passages de Zoumana à Paris pour réaliser cet album ensemble, de l’ordre des morceaux au choix des photos et surtout à l’élaboration des textes.





Est-ce que la sortie de ce disque annonce un futur album de Zoumana ou un projet afin d'entendre son touché actuel ?

Cédric : Cette première édition de l'album a pour but premier d'organiser une tournée du groupe Landaya en 2007. Tous les bénéfices de la vente du CD seront intégralement réinvestis pour ce projet. Et j'espère bien que ceci n'est qu'un début. Mais ce n'est qu'une partie des projets de Zoumana. En effet, le second album dont je parlais tout à l'heure devrait sortir fin 2007, Zoumana est également à l'affiche d'un documentaire de Aleksi Oksanen et Jari Jarvi "IN THE BLOOD : portrait of a griot", et il continue toujours les tournées internationales avec Foofango,


Qu'est-ce qui vous a poussé et vous plait chez cet artiste pour que vous le suiviez à ce point ?

Cédric : C'est d'abord une question de parole donnée. On lui avait promis de l'aider. C'est ce qu'on essaie de faire depuis 6 ans.
Ce qui me plait chez Zoumana, c'est d'abord le musicien. J'adore la musicalité de son jeu. On sent quand il joue qu'il dit quelque chose, et quand il joue et chante au n'goni, là je suis très content.
Après il y a Zoumana l'homme, qui est très droit, très attaché à ses racines, à ses traditions. C'est un chef de famille, un patron, et un griot très respecté.

Thierry : Exactement ! Zoumana, c’est le n’koro (le grand frère).


Vous avez quelques anecdotes à propos de l'enregistrement ?

Thierry: Le plus drôle, c'était qu’avant d'enregistrer un morceau, en guise de répétition, tous les musiciens parlaient comme s'il s'engeulaient pendant une bonne demi-heure. Ensuite ils te posaient le morceau nickel à la première prise !

Cédric: Ce n'est pas à propos de l'enregistrement mais de Zoumana, mon patron. Dernièrement, il est venu à Paris pour travailler avec nous sur la sortie de l'album. J'en ai profité pour lui montrer un peu ce que j'avais bossé de mon coté depuis notre dernière rencontre. Dès la première note, ça ne lui a pas plu du tout. Et je me suis tapé 2h de claque-tonique avec un Zoumana qui me disait "NON !!!" entre chaque note. Après quelques années de pratique, ça fait super plaisir !!! Non, ça fait beaucoup de bien. C’est vraiment quelqu’un de rigoureux et si tu demande à Harouna ou Fato Dembélé (ex-Yelemba), qui sont ses cousins germains, ils te diront qu'il est la référence pour le son.

Thierry: Quand il m'a appris les frappes du djembé, il m'attachait les doigts avec du fil à coudre. Ca fait très mal ! J’ai transmis cette technique aux membres de l’association avec grand plaisir ! (rires)


Enfin, comment faire pour se procurer cet album ?

On peut se procurer l'album en nous envoyant un chèque de 17 € (15€ + 2€ de frais de port) à : Association Art Evolution - 25, rue Diderot - 92170 VANVES (France). On va en déposer aussi chez Djoliba, à la FNAC, en Belgique, en Finlande, au Canada et aux States...

Et si vous ne le trouvez pas, vous pouvez nous envoyer un mail à c.drick@percussions.org ou contact.artevolution@free.fr. Art Evolution est une association ouverte à toutes les bonnes volontés et les bonnes idées ! Alors si vous avez des plans pour enrichir la tournée ou tout simplement élargir le réseau de diffusion il ne faut pas hésiter à venir nous voir ou nous contacter. Merci à Percussions.org pour cet espace d’expression, et nous restons à disposition si vous avez des questions ou commentaires.


© Jimmy Braun / Art'Evolution (Thierry Bugaud, Cédric Morvan) – Novembre 2006

[C.DricK]

Salut à tous !

Tout d'abord, je tiens à remercier encore une fois toute l'équipe percussions.org pour leur soutien.

Je voulais juste vous signalé que vous pouvez aussi écouter le titre "Mi Gnamoulé" du second album (dont je parle dans l'interview) de Zoumana sur la compil Master of Percussion, vol. 3 (Réf : FM 125 CD Follow me Production).

Voila, si vous avez la moindre interrogation concernant Zoumana ou l'assos Art Evolution, n'hésitez pas, je serais là pour vous répondre.

A+

[Nuwanda]

Bonjour,

Merci à percussions.org de faire connaître de tels projets, et à Art'Evolution de les mener.

J'ai eu le chance de passer un mois au Burkina-Faso, notament à BoboDioulasso.

Comme batteur, j'y ai forcément rencontré pas mal de monde et suis particulièrement sensible à ce genre d'actions.

Peut-être pourriez-vous nous donner quelques infos sur le fonctionnement de votre association ?

La legislation par exemple. En tous cas, bon courage pour la suite, et n'oubliez pas de laisser la fréquence de la web radio sur laquelle vous travaillez !

[Jpouil]

Salut,

Juste pour rajouter que l'album est de grande qualité, tant par l'intreprétation des artistes que par la qualité sonore de cet album.

Je voulais aussi en profiter pour saluer l'initiative d'art évolution sur ce projet totalement bénévole.D'ailleurs, les bénéfices liés aux ventes de cet album devront financer la prochaine tournée de Landaya en France.
A ce propos, si vous souhaitez les voir et que vous avez des endroits à proposer n'hesitez pas à contacter C.drick

Voila,

A plus,

Jpouil

PS: je sais c'est le double du message que j'ai mis sur www.donaba.net, mais en ce moment je suis atteint d'une grave maladie qu'on appelle la fleme du clavier, alors désolé pour l'originalité ....euh la mienne bien sur, pas celle de cet album !

[C.DricK]

Salut Nuwanda,

Tout d'abord merci de ton soutien.

[C.DricK]

Salut à tous,

Juste pour vous signaler la mise en ligne d'un morceau de l'album "Bukina Ka Di"

http://taikipercu.free.fr/cd/zoumana-dembele.mp3

Nous sommes aussi entrain de créer un petit Myspace où on espère mettre un peu de vidéo en partage.

A+ et bonne écoute !

[Jimmy Braun]