Jimmy B
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Posté le: 23 Mar 2008 1:46 Sujet du message: Victor Démé | le blues du couturier |
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[« Victor Démé » Victor Démé. 2008. 1CD Audio. Label Chapa Blues Records. Distribution France : Pias]
La guitare et la voix en Afrique est une aventure multiple. À l’instar d’artistes immanquables, comme Ali Farka Touré ou Boubacar Traoré, qui ont pu hisser leur propos musical au rang international, Victor Démé est un chantre fertile resté sur sa terre, le Burkina Faso. Éloigné quelque temps de sa vie d’artiste, entamée en partie en Côte d’Ivoire, il est l’héritier d’un savoir-faire musical transmis par une mère griotte. Son premier album, intitulé tout simplement « Victor Démé », valide cet art populaire dont il est un fidèle représentant, une sorte d’ « Afro-Blues ».
Le Blues est apparu dans le Sud des Etats-Unis (delta du Mississippi) avec des origines en partie africaines, dues à l'affluence importante d’esclaves venant des régions d’Afrique occidentale pour besogner dans les plantations de canne à sucre et de coton. Il serait donc possible de parler de l’existence d’un Blues africain. Un Blues qui serait joué par les musiciens d’Afrique. C’est en tout cas une prédisposition récente à l’échelle de l’histoire, qui recouvre plus le travail d’une poignée de chanteurs guitaristes comme Djelimadi Tounkara, Afel Bocoum, Kante Manfila, Boubacar Traoré ou Lobi Traoré plutôt qu’un style régional manifeste. Certains musiciens, maliens et guinéens en particulier, chantent et jouent de la guitare (acoustique ou électrique) avec des phrasés et des esthétiques qui sont indubitablement très proches de ce qu’ont fait les bluesmen américains. Quand bien même la sensibilité musicale et la richesse ancestrale de tous frôlent des similitudes, le style « Blues africain » est par contre récent et moderne. Grâce à des musiciens, comme Ali Farka Touré, dont les oreilles se sont dressées à l’écoute de John Lee Hooker ou Kokomo Arnold, les chantres africains n’ont eu aucun mal à déployer un peu plus leur manière de créer.
Chez Victor Démé, les affinités avec la musique afro-américaine (salsa,…) sont évidentes, que ce soit dans les arrangements ou l’instrumentation. Principalement chanteur, Victor joue sur quelques titres à la guitare et laisse place à ses amis et invités pour l’accompagner : Issouf Diabaté (basse), Levy Kanfando (piano), Ali Diarra (calebasses, tama, balafon), Tim Winsey (arc à bouche), Dembélé Sekou (congas) ou Salif Diarra (n’goni, kora).
Enregistré non sans peine (vu les conditions de production en Afrique), cet album voit le jour après plusieurs décennies de carrière parfois ombragées et fait la grimace aux modes (comme le « coupé-décalés », par exemple) qui submergent actuellement les radios et les clubs au Burkina-Faso. Des scènes d’Abidjan, à Bobo-Dioulasso en passant par Ouagadougou, Victor Démé est reconnu par les amateurs avertis ayant baroudés en Afrique de l’Ouest et peut enfin s’étendre à d’autres contrées. Révélation tardive (Victor approche la cinquantaine), mais pas tombé de la dernière pluie, c’est aussi l’occasion d’inaugurer le label Chapa Blues, initié par Makasound, avec une première production de choix. Pour l'anecdote, "chapa" ou "chapalo", signifie la "bière de mil", servie dans des calebasses des cabarets burkinabés.
Album composé de quinze titres, le groove y est plutôt romantique et nostalgique. "C'était le son de nos tantes et de nos tontons. On les voyait danser pendant les soirées, ces rythmes représentaient la fête, ils sont devenus naturels pour nous. Mais outre la salsa et les griots, ma base reste toujours l'afro-mandingue, le blues.", explique Victor Démé
Chanteur, guitariste mais aussi couturier de profession, Victor Démé fredonne les réalités de sa vie riche d’aventures, parfois chaotiques, avec le flegmatisme ô combien essentiel à l’artiste revendicatif. À découvrir !
© Jimmy Braun – Avril 2008.
Titres de l’album
01 - Fond de cour (Intro)
02 - Djôn’maya
03 - Toungan
04 - Chérie
05 - Deni Mouke Ila
06 - Burkina Mousso
07 - Deni Kemba
08 - Djarabi
09 - Dankan`
10 - Peuple Burkinabè
11 - Sabu
12 - Djabila
13 - Le passage de L’Arc à Bouche (Interlude)
14 - Tama Ngnogon
15 - Dala Môgôya
Artistes
Chant : Victor Démé sur tous les titres.
Guitare accompagnement : Sanon Seraphin sur titre 2, Victor Démé sur titre 7
Guitare solo : Victor Démé sur titre 2
Guitare basse, guitare accompagnement et solo : Issouf Diabaté sur 3, 4, 5, 6,9, 10, 11, 12, Seydou Barro (Sembadou) sur titre 8
Percussions : Lahbairi Fayçal sur titre 3, 5, 6, 7, 9, Afrofayçal sur titre 11
Piano : Levy Kafando sur titre 3, 5
Congas : Dembele Sekou sur titre 3, 10
Choeurs : Ali et Salif Diarra sur titre 6 et 15
Calebasse et Tama : Ali Diarra sur titre 6
Trombone : Lionel Riou sur titre 7
Arc à bouche : Tim Winsey sur titre 13
Balafon : Ali Diarra sur titre 14 & 15
N'gonis : Salif Diarra sur titre 14
Kora : Salif Diarra sur titre 15
Flûte : Simpaflute sur titre 15 |
Description : Victor Démé | le blues du couturier
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