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Jimmy Braun · Inscrit le: 12 May 2002 Messages: 2414 Localisation: France

["Segu blue" Bassekou Kouyaté & Ngoni Ba | CD Audio. 2007 | Label Out Here Records OH007/LC09273 | Distribution Nocturne]

L’enfant de Garana

Nom indissociable du n’goni, une harpe africaine à chevalet, le musicien Bassekou Kouyaté est aussi le commanditaire de « Segu blue ». Premier album de ce virtuose malien, il est accompagné par son groupe Ngoni Ba ("le grand ngoni") pour quatorze titres au groove tranquille. Indubitablement influencé par ses aînés, comme Ali Farka Touré, dont il sera accompagnateur sur un album, la musique de Bassekou Kouyaté est le fruit de la rencontre entre tradition et modernité.

Collaborateur de Toumani Diabaté, Kèlètigui Diabaté (avec qui il fonde le trio Manding), Björk, Bono (chanteur de U2), la famille Farka Touré (à qui il rend hommage entre autre sur la piste 13) ou Habib Koité, Bassekou est remarqué dès 1990 par Taj Mahal aux Etats-Unis, où il est le seul représentant du Mali au Festival du Banjo de Tennessee. Descendant de la lignée des grands n’gonifôlaw (joueurs de n’goni), Bassekou Kouyaté a énormément contribué à la promotion de cet instrument mythique. Petit luth à chevalet (à trois ou quatre cordes, selon l'ethnie) dont l'origine remonterait au XIIème siècle, le n'goni (en langue bamanan) est un instrument de prédilection des chasseurs de la région du Wassoulou (la région du grand djembefola Séga Sidibé). L’instrument est ici le catalyseur des récits épiques de l'Empire Bamana de Ségou (fin 18ème, début 19ème).

Produit par Lucy Durán (journaliste radio à la BBC et spécialiste de musiques africaines), l’album arrive aux côtés de plusieurs parutions d’artistes africains montants, comme le joueur de kora Mamadou Diabaté (2007, « Héritage » Label World Village/Harmonia Mundi), ou le premier disque de Vieux Farka Touré sur lequel Bassekou participe. L’enregistrement de ce disque a d’ailleurs bénéficié d’une équipe similaire à celle du premier disque du fils Farka Touré, puisque cette perle musicale a été gravée au studio Bogolan de Bamako. Sur le plan artistique, l’ensemble est doux à l’oreille et donne la parole à des artistes de renom comme les percussionnistes Alou Coulibaly (calebasse) ou Lassana Diabaté (balafon). Hormis la qualité du casting, de celle de l’enregistrement et du packaging (livret, illustrations, etc.), l’album n’est pas transcendant, si l'on s'intéresse à la carrière discographique en sideman de Bassekou. Il s’agit ici d’une belle carte de visite sonore pour Bassekou Kouyaté et sa troupe, bien que cet artiste quarantenaire n’ait plus besoin de prouver sa virtuosité sans frontière. Un disque tranquille comme une brindille naviguant sur le fleuve Niger et qui donne envie de voir le projet sur scène.

© Jimmy Braun – Mars 2007

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