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[Jimmy B]

Gert Kilian | Interview

Originaire d'Allemagne, le musicien Gert Kilian est un allumé du balafon, un titilleur de lames. Sensible à toutes les musiques, Gert Kilian dégage une énergie bien affirmée depuis plusieurs décennies. Parcours fait de rencontres, et de projets en tous genres, il est un des chantres de la world music depuis les années soixante dix, époque à laquelle il jouait avec le groupe Orexis, qui a collaboré entre autres avec Trilok Gurtu. Déjà passé à la casserole pour une interview en 2003, nous avons rencontré Gert Kilian pour parler de ses nouveaux projets en préparation, comme la sortie d'une méthode DVD avec le balafoniste Aly Keita.



En 2003, pour une interview sur nos tribunes, tu préparais un CD avec Looping. Que devient ce groupe et comment a été accueilli votre album ?

Le CD est sorti en avril 2005 chez Playasound / Sunset-France sous le titre « Multitude ». Nous l’avons enregistré avec deux batteurs et deux bassistes, selon les morceaux : Tonton Salut (batterie) et Michel Fanlou (basse) pour les titres plus jazzy et Ludo Perez (batterie) et Stéphane Bardad (guitare basse) pour les titres plus funky. Puis on a tourné avec Ludo et Stéphane en France, Allemagne et Espagne. Entretemps, Ludo vit à La Réunion et Stéphane est sorti de l’écran…

Sur "Multitude", on a mélangé pour la première fois le balafon au steelpan, tous deux instruments de percussion mélodiques. Les critiques étaient très positives, et Playasound a un créneau de diffusion lié au steelpan ; le CD se vend par exemple au Japon pour cette raison. Pour ceux qui ne connaissent encore pas, vous pouvez écouter quelques titres ici : http://www.myspace.com/gertkilian



Avec quelle formation travailles-tu actuellement ?

Looping trio avec Pascal Ryter et Yannos Pauvert. Donc, toujours avec deux balafons, le steelpan, le djembé, la derbouka, les angkloongs, et la voix. La musique - sans la basse et la batterie - sonne plus « unplugged » (acoustique), plus transparente. Yannos joue sur un set-up original, avec cajon, roto-toms, bongos, cymbales et des caxixi accrochés à deux pédales de grosse caisse, donc joués avec les pieds.


(c) Aly Keita

Tu prépares actuellement une méthode DVD de balafon avec Aly Keita et le Salon de Musique. Tu peux nous en dire un peu plus sur son contenu et sa sortie ?

Autrement que dans mon livre Balafon beat, dans lequel le sujet est le balafon moderne, avec mes propres compositions et des techniques d’indépendance que j’ai inventées, ce DVD a comme contenu le balafon traditionnel. C’est pourquoi ici l’artiste central est Aly Keita, originaire du Mali et qui a grandi dans la tradition mandingue. Il y a une partie méthode, une partie « play-along », une partie duo (Aly et moi) et une partie documentaire. Bien-sûr avec un livret complet avec les partitions, l’histoire du balafon, des photos, une biographie d’Aly, une interview, etc.

Tout est prêt, il nous manque juste la partie documentaire qu’on va filmer en décembre 2007 sur place au Mali. La date de sortie n’est pas fixée pour le moment, je pense qu’elle se situera au mois de mai 2008. Vous pouvez tout connaitre en temps réel en allant sur le site http://www.le-salon-de-musique.com !


A qui va s’adresser cette méthode ? Amateurs, débutants, ou musiciens professionnels ?

Comme tous les DVD apparus aux éditions Improductions, la collection « Le Salon de Musique » sous la direction de Philippe Nasse, s’adresse aux musiciens amateurs et professionnels, mais aussi aux professeurs de musique, musicologues, ethnologues… et amoureux de la musique (africaine) en général.



Sur ton site Internet on peut se rendre compte que tu donnes régulièrement des stages de balafon. Est-ce que tu remarques un engouement grandissant pour le balafon et son apprentissage ? Et quels types de personnes viennent à tes stages ?

Oui, il y a de plus en plus de percussionnistes qui découvrent le balafon comme l’instrument idéal entre le rythme et la mélodie. Les dounfolas constatent que le phénomène de l’indépendance entre les deux mains est très développée au balafon. Cela leur permet d’aborder l’instrument avec une certaine facilité et entraine leur indépendance.

Les djembéfolas découvrent qu’il y a une vie au-délà du « balancier » et des sons. Le balafon est plaisant, même lorsqu’on joue seul, puisqu’il y a toujours une main qui peut accompagner l’autre; c’est un peu comme si on devenait deux (two-way coordination).

Je rencontre aussi des batteurs qui ont souvent peu de problème d’indépendance, étant expérimentés en four-way coordination, puisqu’ils jouent en plus avec les pieds.

Et j’avais déjà des stagiaires pianistes qui s’inspirent du balafon pour leur jeu. Les colonialistes appelaient le balafon « piano des nègres » - expression méprisante, mais la référence au piano est juste.

© Jimmy Braun – Mars 2007

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