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[Laurent Lamy]

Giovanni Hidalgo

[né à Puerto Rico en 1963]

« J’espère agrandir ma connaissance jusqu’à mes 90 ans, peut être continuerais-je à apprendre la percussion dans ma prochaine vie, ce serait merveilleux »

Giovanni « Manenguito » Hidalgo est sans doute le plus impressionnant joueur de congas de sa génération. Il faut dire qu'il fut dès sa naissance sous les meilleurs hospices de la percussion. Il y eu d'abord son père, José « Manengue » Hidalgo, lui même joueur de congas. Mais surtout, il y eu la rencontre avec Changuito qui devint rapidement son influence principale. Son enseignement le conduira à développer sa technique au plus haut niveau, technique que tous deux surnomment « la mano secreta » (la main secrète en français). En fait, celle-ci s'inscrit dans la continuité de Tata Guines, grand précurseur du jeu comtemporain des congas. C'est donc sur la base de son travail avec Changuito, que Giovanni développera son style et sa grande virtuosité. On peut le résumer en trois axes: technique, mélodie, indépendance. Il étendra sa technique en y incluant des rudiments de caisse claire appliqués aux congas: le roulement binaire, les ras de trois et de quatre ainsi que les différents moulins comptent parmi les rudiments les plus employés. Son approche très personnelle constitue une nouvelle étape et un changement radical dans la conception du jeu sur plusieurs congas. A partir de lui, on va maintenant penser le set comme à une batterie. Il est le chef de file d'un muovement de renouvellement et de modernisation inauguré par Changuito et suivi par d'autres très bons percussionnistes. Dans son sillage, on peut citer: Miguel Anga Diaz, Ritchie Flores ou le moins connu Paoli Mejias...

Mais Giovanni Hidalgo n'est pas seulement un bon technicien, il est aussi un innovateur! Il a mis au point des combinaisons d'instruments incluant par exemple congas et bongos joués en même temps; des polyrythmies jouées en indépendance sur plusieurs fûts ou bien encore des systèmes d'improvisations basés sur la répétition d'un patron mélodique. Il est aussi une sorte de synthèse des cinquante ans d'expériences qui l'ont précédé. Ses accompagnements mélodiques s'inspirent directement des styles de Patato Valdez et de Candido Camero. Candido, par exemple, en plus de l'indépendance, joua sur cinq ou six congas dés les années cinquante en imitant les mélodies des morceaux qu'il accompagnait. Giovanni reprendra leur concept mélodique en y incorporant des moulins en plus de la bascule. Cela contribuera à ouvrir considérablement le déplacement à gauche comme à droite.