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[yambumba]

Bwa caïman

[Bwa caïman « domino ». Label Autonomie]

Le groupe Bwa Caïman, basé dans la région de Nantes, est un groupe de six percussionnistes-chanteurs. Il est dirigé par Olivier Congar qui n'en est pas à son coup d'essai ni à son premier disque. Il fut l'un des membres actifs du très bon « Iluyenkori », groupe phare parisien spécialisé dans les tambours batas et chants de la Santeria à une époque où cette musique méconnue ne concernait qu'un public assez restreint. Il fut aussi l'un des protagonistes du « trio Ammour » dont l'objectif était déjà de revisiter le répertoire traditionnel en mélangeant des influences d'Afrique de l'Ouest, de Cuba et du Brésil avec des sonorités modernes.

L'ambition affichée de « Bwa Caïman » est de revisiter sans complexe la musique afro-cubaine tout en lui rendant hommage. L'influence majeure de « Domino », leur premier disque, est la très riche musique yoruba de Cuba avec les tambours batas largement représentés dans ce disque. Si l'ensemble de l'album s'inscrit plutôt dans le registre de la tradition, une grande part est laissé à une certaine recherche musicale sur les timbres, les arrangements des voix dont l'harmonie est mis en valeur par une interprétation de piano jazzy ou bien encore des arrangements modernes avec l'utilisation de la batterie .Certains des morceaux de ce disque sont des enregistrements de toqués (rythmes) dont certains d'entre eux sont joués sur des cloches agogo ghanéennes. Le disque contient également une rumba dont le refrain est accompagné par une rythmique créée par « Bwa Caïman » et répond au nom appétissant de "somenlenguo". Ma préférence est allée au morceau « Yokobio » que je considère comme le meilleur de l'album. Il s'agit d'un rap particulièrement bien arrangé et qui, pour moi, traduit le mieux le projet du groupe. Il mélange des programmations, des sampling, du scratching avec des rythmes de batas et des chants cubains avec du rap français. Ce disque est à l'image d'un phénomène latent dans le petit monde des percussionnistes aujourd'hui. Après avoir longtemps rêver d'égaler les grands frères cubains, certains d'entre eux parmi les plus innovants s'émancipent pour créer une musique originale tout en étant respectueuse des origines.

« Bwa Caïman », s'inscrit dans cette démarche avec un projet ambitieux de fusion musicale en cours de maturation et dont ce disque est une première étape très prometteuse.

(c) Yambumba