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Jimmy B · Posté le: 30 Nov 2004 22:42 Sujet du message: Henri Guédon

Henri Guédon
[22.05.1944, Fort de France (Martinique) | 12.02.2006, Paris]

La cheville ouvrière du zouk

Musicien percussionniste, multi instrumentiste, chanteur, auteur-compositeur, pédagogue, compositeur, peintre, sculpteur.

Henri Guédon est un artiste virtuose, véritable globe-trotter, il a baigné dans la musique dès l’enfance. Issu d'une famille nombreuse originaire du Nord de la Martinique (Sainte-Marie). Il est l'enfant de la terre musicale du bélé, une musique et une culture d'origine africaine. Importée en Martinique par les esclaves venus d'Afrique, la musique est codifiée et s'appuie sur instrumentarium principalement fait du tambour bélé (historiquement, des tonneaux de rhum recouverts d'une peau tendue) et du ti-bwa (cylindre de bois creusé ou bambou et frappé avec deux baguettes, et à la fois le nom du rythme joué), afin d'accompagner la danse et le chant.

Il naît le jour anniversaire de l’abolition de l’esclavage, et ce thème va l’inspirer tout au long de sa carrière. Il apprend les percussions surtout à partir de l’âge de quinze ans et il crée un groupe de six musiciens « La Contesta », avec Paul Rosine le talentueux pianiste fondateur de Malavoi aujourd'hui disparu.

Considéré comme le créateur d'une musique abolissant le cloisonnement des musiques du monde, il a été la "cheville ouvrière" des musiques antillaises, dès les années soixante en métropole. Concepteur du mambo-rap et du zouk, il est à la base de nombreuses rencontres musicales, tant humaines que stylistiques. Sans aucun doute, un des plus grands artistes de musique antillaise et de sa rencontre avec d'autres courants. Bien que sa qualité d'instrumentiste percussionniste, ne soit pas la clef de son génie artistique, il pratique de nombreux instruments à percussion d'aires musicales différentes, mais surtout antillaises et afro-cubaines. Inspiré lui-même par de nombreux artistes, il oeuvre plus comme "rassembleur", "chef d'orchestre". Tantôt accompagnateur ou compositeur, son sens de l'ouverture lui a donné l'occasion de jouer avec de nombreux artistes internationnaux, tous styles confondus.

Henri Guédon

Antillais de naissance, où il vécut jusqu'à l'âge de vingt ans avant de venir vivre à Paris, il est continuellement chanteur, musicien, pédagogue, compositeur, interprète, peintre, illustrateur, sculpteur.

Arrivé à Paris en 1964, il participe à de nombreux concerts Jazz Fusion dans les clubs, avant de partir un temps en résidence à New York où il rencontrera les grands musiciens du latin jazz comme Tito « El Rey » Puente. Emplie de force et d’imagination, il crée à son retour le premier « Big Band Jazz Caraïbes » de la capitale et devient « le » musicien qui intègre la salsa dans les fêtes parisiennes.

C'est avec les meilleurs musiciens latins et antillais qu'il sort son album « Cosmo-Zouk » (1972) et lance ainsi le mot « Zouk ». Le terme « Zouk » n'aurait pas été inventé par Kassav, mais lancé par Henri Guédon. « A l'image de Dizzy Gillespie, qui avait marié jazz et rythmes afro, avec le génie de Chano Pozo le cubain, Henri Guédon est un des rares musiciens antillais ayant largement contribué à recoller musicalement les morceaux d'une histoire éclatée depuis le grand génocide en terre de sang, en terre d'esclaves. », cite Gérard César, Directeur artistique RFO.

Pochette de l'album "L'Opéra triangulaire"

En 1983, il créa l'Opéra Triangulaire, un oratorio jazz avec un orchestre symphonique, un big band et des choeurs. La même année, il reçoit le prix de l'Académie Charles Cros pour des contes musicaux avant de partir pour de longues tournées internationales. Henri Guédon se plonge plus que jamais dans la peinture et les arts plastiques au début des années quatre-vingt dix, mais reste un fidèle musicien, un artiste culte à découvrir.

Henri Guédon et Jenny Alpha.

Henri Guédon a célébré au New Morning à Paris, le vendredi 15 octobre 2004, ses quarante ans de carrière. Grande fête pour un grand artiste, la circonstance de réunir autour de lui ses anciens comparses, venus du monde entier, pour une cérémonie accueillant des acolytes comme Claude Vamur, le batteur de Kassav avec lequel Henri Guédon créa « Zouk Expérience ». Voici la liste des artistes principalement invités lors de cette soirée : Henri Guedon (bongos, chant), Luckmil Perez (timbales, batterie), Abraham Mansarol Rodriguez (congas, bata), Felix Toca (basse), Christophe Orbester (piano), Michael Joussein (trombone, direction musicale), Eddy 'Negon' Borges (trombone), Dave Rhotschild (trombone), + invités : Allen Hoist (flûte), Alain Jean-Marie (piano), Almeida Gonzalez Cuchi (basse), Claude Vamur (timbales), Frankie Vazquez (chant).

Pochette du CD « Early latin and boogaloo recordings by the drum master. »

Disparu le 12 février 2006 à Paris, l'artiste martiniquais laisse derrière lui et devant lui, une page de l'histoire dans la musique, avec un penchant pour le métissage, et la musique comme message universel. [...]Henri Guédon était un humaniste façonné par le métissage des cultures, un homme de paix, engagé dans le combat contre le racisme et les injustices. Ses obsèques, qui auront lieu le Samedi 18 Février à l’église de Bellevue (avenue Frantz Fanon) de Fort de France, seront suivies de l’inhumation au cimetière de la Levée dans le caveau familial.[...] (*)

(c) 2004-2006. Jimmy Braun.

Elément(s) Discographique(s) :

« Rétrospective » | Henri Guédon

« Early latin and boogaloo recordings by the drum master. » | Henri Guédon