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[Jimmy B]

["I love you" Mathieu Boogaerts. 2008. CD Audio. Label Tôt ou Tard. http://www.mathieuboogaerts.com]

« I love you ». De cette expression pleine de sens - et de connotations pour le titre d’un disque - Mathieu Boogaerts signe son cinquième album. Atypique et nomade musicien-chanteur de la scène francophone, Mathieu Boogaerts s’installe ici dans une nouvelle introspection sonore. Une errance artistique, qu’il a vécu pendant plusieurs mois à Bruxelles, dans un lieu-cocon crée pour l’occasion. Bien que son univers soit identifiable, il s’agit bien d’un nouveau voyage. « I love you » est une mue achevée. Evidemment surprenante et sensible.

Fruit de son humeur artistique, « I love you » a été crée de toute pièce par l’artiste, qui dompte les paroles, la musique et la réalisation. Construit sur une recette aux accents du franglais, léchée parfois d’une rythmique pop-rock et d’un soupçon d’electro minimalisme, Mathieu Boogaerts base les compositions d’« I love you » sur la batterie et le rythme. Point de départ et touche de composition différente de son langage, le répertoire est ici plus dans l’énergie que dans l’intellect. Les thèmes sont suggérés directement par le graphisme et les titres de l’album, et chatouillent le franglais avec le décalage du « It is not because you are » de Renaud ou d’une imprégnation à la Gainsbourg. Mathieu Boogaerts renouvelle avec ce disque son genre à part, fait de tact et de simplicité. Il nous parle de rapports humains (piste 3 « Chappe de béton », piste 7 « Do you feel ok »), de vie (piste 5 « Fais Gaffe »), avec un brin de nostalgie par ici (piste 9 « Corinne »), et un coup de langue et de gueule par là (piste 8 « Game over »).

Sorte de « dandy pop-garage », sa voix est toujours aussi anomale et même si l’anglais est une piste sérieuse dans l’écriture, Mathieu Boogaerts joue avec la langue sans se prendre pour un british ou un ricain. Il est juste un artiste singulier, un artisan de la chanson qui pond une création avec des outils. Genre à part, chaque titre est entraîné par une tourne rythmique souvent pop-rock (piste 12 « I love you »), ou parfois hip-hop (piste 11 « Game over »), qu’il a composé et joué lui-même à la batterie. Dans le répertoire on trouve aussi le titre déluré « Jambe » (piste 4), qui a été composé lors de sessions avec son collectif d’improvisation, dont fait partie entre autre Albin de la Simone.

La plupart des textes ayant été composés à partir du rythme et de la batterie, le style y est épuré et dédié au mouvement, avec la naïveté propre au personnage qu’il a crée depuis le début des années quatre-vingt dix. Univers en gestation, la prestation scénique d’« I love you » risque de réserver de belles surprises. « I love you » sonne et résonne tel un rêve impertinent révélé par cette échappée solitaire vécue pendant plusieurs mois en Belgique. Bien qu’« I love you » ne dure qu’une trentaine de minutes,ce disque est divertissant et contrasté.

© Jimmy Braun - 2008

Lien vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=rOfcb_VPl5I