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Jimmy B · Inscrit le: 12 May 2002 Messages: 2948 Localisation: Rhythm Land

[« Trio Non Tempéré ». François RAULIN, Jean-Jacques AVENEL, Adama DRAME. 2008. CD Audio digipack. Label Forge (France).]

Djembé et jazz. La rencontre n’est pas nouvelle, mais son écho ne résonne pas à tous les coins de rue. Comme d’autres dans ce même style, s’il en est un, des percussionnistes comme Marc Depond et Pierre Marcault avaient déjà remués la peau dans le swing au cours des années soixante-dix. Plus récemment, le trio "Andouma" (Lydia Domancich, Aissata Kouyaté, Pierre Marcault) ou le pianiste Malcom Braff travaillait avec le percussionniste Youyou Ouattara. Pour se plonger dans cet univers, le Trio Non Tempéré (Raulin-Avenel-Dramé) vient de faire paraître un album de douze titres, tout chaud et vif, sans démesure.

Quel que soit votre état d’esprit et d’âme au moment d’écouter ce disque, abordez-le avec recul. Rien de nouveau en soi, mais une belle harmonie entre trois artistes au caractère bien trempé. Ajoutez à cela un répertoire de compositions bien mené où l’interaction est à l’honneur. Au regard de la carrière de chacun, il est facile de comprendre le niveau des comparses, et la qualité est au rendez-vous. Le trio propose un champ d’investigation sans limite où le chant des rythmes africains du maître Adama Dramé se taille à merveille avec l’art d’une composition plutôt contemporaine (sa collaboration avec l’ensemble des Percussions de Strasbourg ne l’aura pas laissé indifférent).

Le projet part du jazz, sans jamais le quitter, fidèle à cette musique d’imprévus et de liberté très surveillée. Par la recherche des chromatismes et le recours à la dissonance, pour chacun des musiciens, cette musique est une recréation de chaque instant, très travaillée malgré l’apparente fluidité, la subtilité y est bien présente. Plusieurs titres sont léchés au style contemporain et swing, mais les arrangements proposent des tableaux souvent bien menés et accessibles aux novices. Personne ne tire la couverture et quand bien même le caractère forgé du maître Dramé, sa place y est naturelle sans être vissée aux contraintes d’un thème. Il y utilise son langage propre et adapte parfois, comme sur le premier titre (Mahama Konaté), ou les sonnailles se prennent pour un charleston. Il pousse aussi la chansonnette sur le titre « Miniamba » (piste 4).

La majorité des titres se placent dans un tempo oscillant d'adagio à allegro, entre des ballades lunaires et des swing de brousse, la force est principalement axée dans la recherche de dynamiques et de timbres. Rien est ici linéaire, ça discute, souvent avec précision et lâcher-prise. Et, détail important, la prise de son (qui est soignée et orientée vers l'acoustique et la présence d'un live), le montage (par François Raulin) et le mixage (Boris Darley du Studio Lakanal, François Rollin), contribuent aussi à ce que ce disque soit une belle pierre posée dans la discographie des membres du trio. Ce disque dégage une musicalité intéressante et minimaliste, parfois proche d’une musique de film, et qu’on a hâte de partager avec eux en direct. Ici se déroule un pont sensuel entre tradition et modernité

© Jimmy Braun - 2008

RasBib · Inscrit le: 20 Jun 2004 Messages: 53 Localisation: Paris 75

[« African Tribute to Art Blakey ». Stéphane HUCHARD, Pierre DE BETHMANN, Sylvain BEUF, Alexandre TASSEL, Diego IMBERT, Baba SISSOKO, Thomas GUEI. 2008. CD Audio digipack. Label SUCH Prod.]

Djembé et Jazz, ou plutôt Jazz et Afrique.
Pour rester sur le thème de Jimmy BRAUN évoqué ci-dessus, je voulais vous faire part d'une belle rencontre entre le batteur/arrangeur/compositeur jazzman Stéphane HUCHARD et deux africains de renoms dans le domaine de la percussion africaine, Baba SISSOKO et Thomas GUEI. J'ai eu la chance de les voir en concert au New Morning le 10 décembre, et quelle surprise !! Ils se sont bien trouvés et réussi le pari que Stéphane ambitionnait :

Parmi les pionniers de la batterie be bop, Art Blakey était à mon sens le plus « Africain » d’entre tous. De sa pulsation tribale et enflammée jaillissait le rythme, intense et pur donnant naissance à un subtil mélange de hard bop et d’afro Jazz.

Mon attachement envers cette musique et ma passion des rythmes africains ont suscité l’envie de rendre hommage au grand musicien et fédérateur qu’était Art Blakey mais surtout de mettre en exergue ce lien subtil et parfois fragile reliant deux cultures : Africaine et Américaine.

L’album a été enregistré avec une formation s’apparentant à celle des JAZZ MESSENGERS : Pierre De Bethmann au piano, Alexandre Tassel au Bugle, Sylvain Beuf au saxophone, Diego Imbert à la contrebasse et deux percussionnistes de renom originaires du Mali et de Côte d’Ivoire: Baba Sissoko, virtuose du talking drum (ou tama) et Thomas Gueï, talentueux joueur de djembé qui se sont joints à nous afin de revisiter et d’africaniser une partie du répertoire de Blakey à la période MESSENGERS des années 60.

J’espère que vous aurez autant de plaisir à écouter ce disque que nous avons eu à le réaliser.

Stéphane Huchard

Sortie officielle de l'album le 4 décembre 2008

date des concerts à venir :
le 29 janvier 2009 à Toulouse
le 30 et 31 janvier 2009 au Sunside (Paris)

Vidéo de présentation de l'album et des musiciens :
http://fr.youtube.com/watch?v=GPP4uxNfEI4